L’Europe sociale a rendez-vous à Porto

Par Sanaa MAARIF


L’Europe sociale a rendez-vous à Porto. Ce sommet, qui a débuté ce vendredi, doit se concentrer sur la manière de renforcer la dimension sociale de l’Europe, dans un contexte où les inégalités sociales et de santé sont aggravées par la pandémie actuelle. Comment garantir aux Européens une protection sociale plus forte ? C’est tout l’objectif de ce sommet à Porto : il s’agit de tenter de relancer l’Europe sociale, et ce alors que la pandémie du COVID-19 a un effet destructeur sur les économies européennes. Le dernier sommet social datant de 2017 et s’étant tenu en Suède, aucune mesure n’avait été concrètement mise en œuvre.

Ainsi, c’est à Porto que doivent se réunir les chefs d’Etat et de gouvernements européens samedi 7 et dimanche 8 mai 2021. Relancer l’Europe sociale : c’est le défi de ce sommet, dans un contexte où la crise liée au Covid-19 a exacerbé les inégalités et mis à terre l’économie continentale. Par ailleurs, l’Europe vit actuellement une période de double transition, à la fois climatique et numérique, transition qui s’annonce destructrice en terme d’emplois. Il s’agit ainsi de tenter de donner une nouvelle impulsion à certains projets dont ceux sur les travailleurs des plates-formes ou sur le devoir de vigilance des entreprises.

Aujourd’hui, les chefs d’État et gouvernement européens devraient signer des objectifs chiffrés, notamment en matière d’emploi. Toutefois, ces objectifs n’étant pas contraignants, il s’agirait en réalité d’envoyer un message politique aux États membres. Les difficultés rencontrées pour parvenir à un accord sur ces questions sociales divisent l’Europe, avec d’une part les pays du Sud (France, Espagne, Italie et Portugal) qui sont très moteurs sur ces questions sociales, et d’autre part des pays moins enthousiastes comme les pays du Nord qui sont très attachés à leur modèle social, ou bien encore les pays de l’Est qui veulent rester compétitifs sur le marché du travail. À l’automne dernier, la Commission Européenne avait proposé un nouvel accord sur les salaires minimums dans l’UE, proposition qui est toujours à l’heure actuelle bloquée par une dizaine d’États membres.

Malgré les divisions parmi les vingt-sept, il faut tout de même noter l’avancée de l’Europe, aussi peu rapide soit-elle, sur certains aspects comme le congé parental ou bien le télétravail, aspects qui sont désormais régis par une législation européenne. Par ailleurs, en mars dernier, la Commission Européenne a présenté son plan d’action pour l’économie sociale européenne, avec des objectifs chiffrés, notamment celui d’atteindre un taux d’emploi de 78% en 2030, objectif qui devrait être signé à l’occasion de ce sommet important par les États membres. Plus généralement, depuis les dix dernières années et notamment depuis la crise de la zone euro, certains observateurs notent qu’on assiste à un changement progressif des mentalités au sein des gouvernements. La crise sanitaire accentue de son côté le besoin d’une Europe sociale : c’est dans ce cadre que la Commission Européenne a emprunté plus de 100 milliards d’euros, visant notamment à financer les mesures de chômage partiel. Malgré tout, certains anticipent déjà les retombées de ce sommet : « il n’y aura pas de mesure concrète », affirme un haut fonctionnaire européen, mais il s’agit d’« un message politique » des Vingt-Sept, qui réaffirmeront leur volonté d’avancer dans la construction d’une Europe sociale.

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